Merci d’exploiter les communs
En matière de publication sur le net, j’applique habituellement une règle simple : rien de négatif. Parce qu’Internet est une caisse de résonance qui amplifie tout, et surtout le négatif. Mais aujourd’hui, je vai faire une petite exception avec un sentiment qui domine ces derniers jours, Tristesse.
On vous en avait déjà parlé dans une précédente newsletter [1], France Identité a été victime d’une usurpation d’identité via un courriel de phishing émanant de leur propre domaine. Les deux explications sont a) le serveur de courriel des victime est (très) mal configuré ou b) une faille quelque part a été exploitée.
L’interview que j’avais faite pour Le Parisien a fait un petit tour dans les rédactions puisque des extraits ont été réutilisés par Clubic [2], TF1 [3], Juriguide [4] et Cahiers Libres [5].
- https://www.clubic.com/actualite-541556-si-vous-recevez-cet-e-mail-de-france-identite-n-y-repondez-surtout-pas.html
- https://www.tf1info.fr/high-tech/france-identite-alerte-sur-une-campagne-de-phishing-utilisant-l-une-de-ses-adresses-mails-2330385.html
- https://www.juriguide.com/2024/10/30/alerte-france-identite-nouvelle-campagne-phishing-mail-ne-repondez-surtout-pas/
- https://cahierslibres.fr/alerte-phishing-en-france-ne-repondez-pas-a-ces-courriels-ils-pourraient-compromettre-votre-identite/6562/
Aucun de ces journalistes n’a pris la peine de me contacter. Ce
n’était bien sûr ni obligatoire ni nécessaire et ils ont tout à fait le
droit de reprendre ces citations (art. L122-5 du CPI, alinéa 3°b) mais
ça me rend triste de voir les liens sociaux se déliter. Un simple petit
courriel Bonjour, nous avons repris vos propos dans cet article
[lien ici], merci
ne coûte rien et fait tellement de bien…
Peut être qu’à force de médiatiser nos relations à travers des interfaces informatiques impersonnelles (i.e. places de marchés virtuelles comme Amazon ou Leboncoin), nous oublions comment nous parler, comment être en relation ? C’est dommage car parler à des inconnus contribue à notre bonheur [6] (en tout cas bien plus que d’acheter des babioles en soldes).
Un peu comme ces rôlistes qui organisent nos soirées enquêtes. Certains ont la gentillesse de nous écrire un mot gentil (merci à eux), mais beaucoup ne prennent pas cette peine. Et d’autres vont jusqu’à facturer la participation (e.g. 25€ [7] ou 30€ [8]) en utilisant nos PDF diffusé en CC BY-NC-SA (indice : NC veut dire Non Commercial)…
- https://www.gdfl.be/convention-2024-les-aventuriers-de-la-cite-ardente-tome-10/
- https://allevents.in/mobile/amp-event.php?event_id=200023086544155
On ne parle pas de grosses sommes (entre 200 € et 300 € pour les organisateurs) mais comparez au prix des versions imprimées (25€ l’exemplaire [9]) et vous pouvez mesurez l’économie ainsi réalisée pour ne pas dire merci aux auteurs.
C’est pour ça que nous avions arrêté d’écrire et diffuser des scénarios de soirées enquête. Même si les joueurs sont toujours content d’y jouer, et les organisateurs ravis de trouver des scénarios clé en main, autant d’efforts (20 jours ETP par scénario) pour finir exploités, ça décourage.
On parle souvent des communs et à quel point ce projet de société est noble et beau. C’est souvent oublier que derrière chaque œuvre libre, se cache un bénévole dans le Nebraska [10]. Et que sans contrepartie équilibrée, ce projet est un triangle [11].
Et c’est encore pire avec les IA génératives. Les œuvres librement
accessibles (et pas forcément libres d’ailleurs) sont systématiquement
pillées pour enrichir des contrefaçons. Vendues à des
clients complices. Sans aucune rétribution aux auteurs. Pas
même un merci.
Certains se plaignent de la baisse de qualité des contenus du cyberespace mais supportent-ils les créateurs ? Le PDF de notre livre a été téléchargé 7 000 fois en novembre, 21 364 fois lors de sa sortie et près de 50 000 fois au total depuis mi septembre. Le seul contenu plus téléchargé en 2024, c’est le flux RSS (366000 fois). Combien ont acheté la version papier ? 6 versions basiques et 1 version communautaire (et on les remercie chaleureusement).
Je comprend que tout le monde ne soit pas intéressé par un livre qui explique comment écrire des shellcodes (même si c’est surtout un prétexte pour expliquer des principes du système bas niveau), mais nous avons largement plus de 7 visiteurs intéressés par ce sujet vu le nombre de reprise de nos shellcodes et articles ailleurs sur le net (dans des cours, write up et autres vidéos) et les réponses que nous avions obtenues dans un sondage en 2020 (120 personnes s’étaient dites intéressées).
Tout ça nous confirme dans notre choix de publier l’ebook en Creative Commons au fur et à mesure des ventes de l’édition communautaire et de proposer une version basique pour ceux qui veulent juste nous remercier. Ça prendra le temps que ça prendra.